Focusrite Green 1 & Green 3

Après le bleu des consoles figurant parmi les plus chères au monde - dans tous les sens du terme, même vendues en tranches - après le rouge des modules dont la réputation n’est plus à faire, voici le vert, couleur de l’espoir enfin devenu réalité. Ou comment s’équiper de Focusrite sans brader sa Ferrari...

A travers cette nouvelle série, Focusrite nous propose des modules destinés à un public plus large, ce qui permettra sans doute à un grand nombre d’entre vous de découvrir avec profit, la société Mille et un sons, l’importateur français.

Sur les trois appareils attendus, deux sont pour l’instant au rendez vous : le Green Range 1 (préampli stéréo) et le Green Range 3, baptisé Voicebox (préampli micro mono, compresseur dé-esseur et égaliseur), l’absent étant un égaliseur paramétrique quatre bandes, le Green 2. Chacun d’eux est au format rack 19 pouces, une unité. D’une esthétique surprenante, ils semblent tout droit sortis d’un volcan, comme si la matière brute, dans sa grande sagesse, ne laissait qu’entrevoir la force et la beauté qu’elle recèle à l’intérieur. Par contre, au premier abord, l’absence d’interrupteur marche-arrêt nous est apparue nettement moins poétique...

Green Range 1

Rien de plus simple à mettre en oeuvre . A l’arrière, on découvre deux entrées et deux sorties XLR, que côtoient deux jacks 6,35 mm destinés à couper le signal via une pédale simple de télécommande ( non fournie) . Sur scène, voilà qui peut s’avérer fort utile. Pour ce qui est de la face avant, chaque canal dispose d’un potentiomètre de gain, à coté duquel se trouvent l’interrupteur d’alimentation fantôme, celui d’inversion de phase et celui du filtre coupe bas à fréquence fixe (75 Hz).

Nous avons essayé différents micros familiers sans nous trouver trop dépaysés. Cependant si l’alimentation fantôme a pleinement nourri un AKG 451 ou 414, elle n’a pas permis à un Neumann U 87 de donner toute sa mesure. Certes, c’était là grande fourberie d’essayer, car il est notoire que les Neumann sont très chatouilleux sur ce point. Nous avons trouvé le G1 remarquablement silencieux, même si les mauvaises langues ne manqueront pas d’attribuer cette qualité au fait que la bande passante semble chuter rapidement dans l’extrême aigu. Quoiqu’il en soit ; voici là un préampli tout à fait honorable pour 5 990 francs (prix généralement constaté au 15/10/96) qui sera un fier compagnon pour votre magnétophone numérique et vos meilleurs micros.

Green Range 3

Le Green Range 3 dispose quant à lui d’une entrée et d’une sortie XLR, ainsi que d’une prise jack permettant, comme le G1, de couper le signal par le biais d’une pédale de télécommande. Quelle tristesse que les ingénieurs de Focusrite n’aient pas songé à ajouter une entrée ligne. Cela aurait permis de ne pas passer à travers le préampli lors du mixage. En effet, sauf pour la scène, rares sont ceux qui risqueraient un réglage de compression et d’égalisation à la prise. De surcroît, même avec le gain d’entrée réglé au minimum, un signal ligne à + 4 est franchement trop fort pour l’appareil.

En plus des fonctions que l’on trouve sur le G1, le préampli du G3 propose un réducteur de bruit (un noise gate, en fait) dont la sensibilité peut être ajustée entre - 90 et - 40 dB.

Tout de suite à droite, le compresseur comporte les traditionnels réglages de seuil, de taux et de niveau de sortie. Un premier interrupteur commute l’affichage entre niveau d’entrée et niveau de compression, tandis qu’un deuxième active le réglage automatique du temps de retour du compresseur, qui autrement, est fixe. Simple d’emploi, subtil si l’on désire une action transparente mais puissant quand on aime entendre les compresseurs, cette partie du Voicebox mérite à elle seule les 6 990 francs (prix généralement constaté au 15/10/96) qu’il faut débourser pour l’acquérir.

Puis viens le dé-esseur qui, lorsqu’il est enclenché, s’insère entre la sortie du préampli et l’entrée du compresseur. Son efficacité nous a semblé plutôt symbolique, et ni la sérigraphie, ni le manuel n’indiquent la plage de fréquences couverte.

Enfin nous trouvons l’égaliseur semi-paramétrique dont les trois bandes couvrent respectivement les plages 100 Hz-1 kHz, 600 Hz-6 kHz et 1 kHz-10 kHz avec un gain ou une atténuation de 18 dB. La section médium dispose de deux pentes possibles dont la plus grande est peut être un peu trop raide. A notre avis, un réglage plus souple aurait été plus musical...

Un potentiomètre de niveau de sortie ainsi qu’un témoin de surcharge viennent s’ajouter à cet appareil décidément très complet, qui s’insérera avec bonheur directement entre le micro et le magnétophone. Mais attention : quand vous en aurez un, vous regretterez de ne pas en avoir un deuxième pour les prises en stéréo car, malgré son nom, son usage ne se limite bien sur pas à la voix.

Au nom du son

C’est bien connu, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la fille du crémier. Tout le talent et l’expérience de Focusrite n’ont pas suffi à faire mentir ce principe mais regardons les choses en face, pour obtenir un peu mieux, il faut dépenser dépenser deux fois plus. C’est pourquoi une telle initiative de la part d’un grand constructeur doit être louée. Espérons que d’autres, comme SSL ou Neve, comprendront eux aussi que l’ère du numérique pour tous promet un bel avenir à qui saura faire bien et bon marché. Focusrite prend ici un départ impressionnant et nous annonce une gamme comptant jusqu’à douze appareils dans cette série verte. A suivre donc...

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